Dépêche AFP

( February 15 2002)

L'image de synthèse est devenue un outil au service d'une histoire

Par Andrea GRAELLS

MONACO, 15 fév (AFP) - Fini le temps où l'image de synthèse était une prouesse technique froide et où les possibilités techniques conditionnaient les histoires. Désormais, l'image numérique est au service de la narration, sont convenus les professionnels réunis cette semaine à Imagina 2002.

"Il y a une dizaine d'années, on voyait des films de synthèse pure et dure et qui sentaient la sueur, un travail énorme", rappelle Pitof, président du jury des "Imagina Awards", lors du festival international de l'image numérique qui s'est déroulé de mardi à jeudi à Monaco. "Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de mélanges entre des prises de vue réelles et des effets spéciaux, des trucages et des 3D, cela donne des choses qui sont beaucoup plus créatives", estime le réalisateur de "Vidocq", le premier film tourné entièrement en numérique haute définition. "Il y avait une barrière technologique qui faisait que c'était la technologie qui était maîtresse, il fallait trouver les idées qui collaient avec la technologie. Maintenant, nous sommes dans un processus inverse qui est que ce sont des gens qui ont des idées, qui veulent les réaliser, et les techniques et les moyens sont vraiment esclaves de ces idées".

Pour les spectateurs, les frontières se brouillent: dans certains films, "on ne sait pas trop si c'est de la synthèse, on commence vraiment à être capable de semer le doute", souligne-t-il. "J'ai eu l'impression que le prétexte technologique était de moins en moins suffisant pour réaliser un film et donc la plupart des films que nous avons vu ont le souci de ne pas se limiter à leur performance technologique", renchérit Stéphane Cabel, membre du jury et scénariste du "Pacte des loups". "Nous avons choisi de distinguer des auteurs de films qui ont un univers et qui ne se contentent pas d'appliquer tel traitement graphique à tel ou tel dinosaure", précise-t-il.

Le grand prix Imagina a été attribué cette année au "Conte du monde flottant", un moyen-métrage franco-japonais d'Alain Escalle, qui mêle prises de vue réelle et 3D, pour évoquer la bombe atomique de Hiroshima à travers une oeuvre onirique et poétique, et qui a été préféré à des oeuvres plus connues du grand public comme "Shrek", le "Seigneur des anneaux" et "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain".

Didier Decoin, prix Goncourt, scénariste des "Misérables" et également membre du jury d'Imagina, travaille actuellement sur une adaptation à la télévision de "Notre-Dame de Paris" avec Gérard Dépardieu. "Tout d'un coup, c'est grâce à l'image virtuelle, à la 3D, qu'on peut être fidèle à ce que voulait Victor Hugo, montrer le Paris de l'époque", se réjouit-il. Il y a 6 ans, alors qu'il dirigeait la fiction de la chaîne publique France 2, il avait envisagé d'adapter "La baleine des Malouines" de Pierre Boule, un projet tombé à l'eau face aux difficultés posées par la baleine. "Aujourd'hui, il n'y aurait plus de problème".

ang/fjb/Glk



 



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